La Tradition provençale du gros souper
Le Gros Souper, ou Gros Soupa en provençal, est le repas typique provençal du Réveillon de Noël, c’est le plus important de l’année en Provence. La table est dressée sur 3 nappes blanches, posées les unes sur les autres, rappelant la Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint Esprit. Un chandelier composé de 3 bougies éclaire la table, symbolisant les 3 temps : le Passé, en souvenir de nos proches décédés, le Présent, en témoignage de fidélité aux amis et parents, et le Futur, dans l’espérance des enfants à naître. On dispose aussi 3 écuelles de blé de la Sainte-Barbe qui rappelle de nouveau la Sainte Trinité, ainsi que l’Espérance. La table se pare également des plus beaux services.
Le Gros Souper est servit après le Cacho-Fio, et avant la messe de minuit. Paradoxalement, le Gros Souper est composé de 7 plats maigres, en souvenir des 7 douleurs de la Vierge Marie. Ce nom de Gros Souper évoque pourtant un repas copieux, mais il faut se rendre compte qu’il l’était auparavant en comparaison au reste des repas ordinaires de l’année. Il s’agit ainsi d’un repas maigre par la simplicité de ses plats, mais copieux par le nombre de plats proposés. Autrefois, on servait l’aigo boulido, ou eau bouillie, qui est aujourd’hui appréciée le soir de Noel, après les repas copieux. Ce repas est chargé de symboles, et fait partie intégrante de la veillée de Noël. La symbolique des chiffres n’est pas laissée au hasard : 3 représente la Trinité, 7 plats représentants les 7 douleurs de Marie, 13 desserts représentants le Christ et les 12 apôtres.
Ces plats maigres sont généralement composés de légumes, et d’autres denrées que l’on possédait à la maison. On note ainsi qu’il y avait une certaine disparité des plats selon les régions. Cependant, il y a quelques légumes traditionnels qui se doivent d’être présents lors du dressage de la table : cardes, céleris, artichauts… accompagnés d’une anchoïade. Le gros souper comprenait aussi un autre plat maigre, le poisson représenté avec la morue. Voici un exemple de gros souper : soupe aux choux – céleri à l’anchoïade – escargots – soupe de légumes – gratin de morue aux épinards – cardons. Le repas se termine par les 13 desserts, seuls mets servis en abondance.
Selon la tradition, tous les plats doivent être disposés sur la table au début du repas, y compris les 13 desserts. Une autre coutume consiste à sortir un couvert supplémentaire, au cas où une personne devait arriver, « la place du pauvre ». Enfin, il est de coutume de ne pas desservir, mais simplement de relever les coins de la nappe de dessus, afin de permettre aux âmes des morts et aux petits anges de venir se restaurer !